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Sciences Po - MOOC Espace mondial

Glossaire

Sections 1 à 12

Bertrand Badie, Delphine Allès, Marie-Françoise Durand, Delphine Lagrange, Gaïdz Minassian*

 

A- B- C- D- E- F- G- H- I- J- K- L- M- N- O- P- Q- R- S- T- U- V- W- X- Y- Z

 

Acteur non-étatique : tout individu, groupe, organisation dont les actions affectent la manière dont les ressources sont distribuées et les valeurs définies à l’échelle planétaire. L’État a longtemps été considéré comme l’acteur principal, voire unique, sur la scène internationale. Les acteurs non étatiques se sont toutefois multipliés et diversifiés : firme multinationale, organisation régionale ou internationale, organisation non gouvernementale, groupe d’intérêt transnational, mafia, diaspora, individu, expert, acteur religieux, entrepreneur identitaire, etc. L’intensification et la complexification des rapports entre acteurs sont une des caractéristiques de la mondialisation contemporaine. Acteur transnational:Tout acteur qui, par volonté délibérée ou par destination, agit dans l’espace mondial en dépassant le cadre étatique national et qui échappe, au moins partiellement, au contrôle ou à l’action médiatrice des États. Ces acteurs se constituent fréquemment en réseaux.

Advocacy network : réseau se constituant entre acteurs non étatiques afin de défendre une cause donnée.

Affamé : la malnutrition est un déséquilibre régulier de la ration alimentaire quotidienne en quantité et/ou en qualité (obèses des pays riches ou personnes sans alimentation satisfaisante en raison de leur pauvreté). La famine est définie comme la rupture absolue de nourriture pour des populations entières entraînant à brève échéance la mort si rien n’est fait pour interrompre le processus. Entre malnutrition et famine, la sous-alimentation correspond à une accessibilité conjoncturellement amoindrie à la nourriture (flambée des prix, conflit, aléas climatiques), ou structurellement en période de soudure entre deux récoltes ou dans les régions de très grande pauvreté. L’absence de politiques publiques de soutien aux agricultures vivrières, délaissées au profit des productions massives destinées souvent à l’exportation, a fragilisé les paysans pauvres vivant en autoconsommation, c’est- à-dire fonctionnant hors échanges commerciaux. La Révolution verte lancée dans les années 1960 dans les pays du Sud (surtout en Asie) par les États, les organismes de développement et les firmes de l’agrobusiness pour lutter contre la malnutrition (et la propagation des révolutions communistes) à base d’engrais, de pesticides et de semences sélectionnées, de mécanisation et de forte augmentation des rendements a globalement fait reculer la malnutrition quantitative. Mais ses conséquences sociales (liquidation de l’agriculture familiale par endettement) et environnementales (pollution et dégradation des sols et de l’eau, réduction de la biodiversité) sont importantes. L’étape suivante est la généralisation des organismes génétiquement modifiés (OGM). Les agrocarburants qui sont issus de plantes cultivées, d’abord obtenus à partir d’huiles de palme ou de colza, de céréales ou de la canne à sucre, donc en concurrence avec la production alimentaire, ont été très critiqués. Grâce au développement de la recherche agronomique on s’oriente aujourd’hui vers l’utilisation du bois, des herbes ou autres plantes (jatropha) non comestibles.

Aliénation politique : type de comportement qui repose sur une forte identification, libre ou contrainte, à une autre entité politique que celle à laquelle est censé appartenir l’acteur concerné.

Asianisme : ensemble de doctrines proclamant la spécificité culturelle et donc historique des États d’Asie qui ne sauraient de ce fait connaitre le même type de développement que les sociétés occidentales.

Balance of power/équilibre des puissances : voir fiche Théories des relations internationales (Section 1).

Behaviourisme : voir fiche Théories des relations internationales (Section 1).

Biens communs de l’humanité/Biens publics mondiaux : biens matériels et symboliques dont chacun est dépositaire pour la survie de tous, dont les fonctions sont menacées par le partage souverain (couche d’ozone, diversité biologique, patrimoine culturel de l’humanité, diversité culturelle, connaissances scientifiques, sécurité sanitaire, alimentaire, financière, etc.) Cette notion a été formulée dans le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de 1999 et largement reprise depuis par de nombreux organismes internationaux.

Bipolarité/Multipolarité/Apolarité : la bipolarité est une configuration politique internationale qui a caractérisé la guerre froide (de la fin de la seconde guerre mondiale à 1989-1991), centrée sur deux États, les États-Unis et l’URSS, derrière lesquels, de façon plus ou moins consentie, les autres États se sont militairement, politiquement et idéologiquement, alignés. Après cette période bipolaire, la configuration de l’espace mondial autour du seul pôle américain a été appelée unipolarité ou, à cause de la multiplicité des pôles de plus petite taille, la multipolarité. On parle aujourd’hui de monde apolairePour les géographes, la polarité est le résultat d’un processus qui conduit à la formation ou au renforcement d’un pôle dans un espace donné qu’on dit alors polarisé. Ces pôles attirent les activités, les investissements et les populations. L’espace mondial contemporain est très fortement polarisé par les grandes agglomérations mondiales en interaction et en concurrence permanentes.

Choc/clash des civilisations : apparue au XVIIIe siècle la notion de civilisation est à manier avec prudence car fortement instrumentalisée et généralement utilisée de façon discriminatoire par opposition à la non-civilisation. Dans son usage courant aujourd’hui, elle désigne une identité collective à très grande échelle Il s’agit d’un système d’organisation sociale, économique et politique partagé par un nombre conséquent de sociétés, caractérisé par la production d’œuvres concrètes destinées à la maîtrise des conditions de vie (techniques de contrôle de la nature – eau –, écriture, arts, sciences, organisation de la société, etc.). L’expression Choc (ou clash) des civilisationsa été formulée en 1993 par le politiste américain Samuel Huntington. Très largement diffusée depuis, elle postule que huit « civilisations » (occidentale, confucéenne, japonaise, musulmane, hindoue, slave/orthodoxe, latino-américaine et africaine) conçues comme exclusives, sont destinées à s’affronter. Cette thèse, qui tient plus de la construction idéologique conjoncturelle (perte de l’ennemi suite à la fin de la guerre froide) que d’une démarche analytique cohérente ne résiste ni à l’analyse des conflits contemporains ni à celle des constructions identitaires multiples.

Citoyenneté/Citoyen : issue de l’Antiquité, la citoyenneté désigne la jouissance des droits civiques et politiques au sein des régimes démocratiques (droit de vote, droit d’éligibilité, exercice des libertés publiques). Accordant des droits et des obligations aux citoyens, elle fonde la légitimité de l’État sur le primat de la souveraineté populaire. La citoyenneté est une composante du lien social, les citoyens formant une communauté politique (théorie du contrat social) à laquelle ils doivent une allégeance prioritaire. Selon les périodes et les pays, elle est refusée à certaines catégories de population : femmes, esclaves, pauvres, analphabètes, militaires, étrangers, mineurs. Le traité de Maastricht (1992) a créé une citoyenneté européenne au sein de l’Union européenne.

Colonisation/décolonisation : processus historique qui lie profondément l’Europe au reste du monde. À partir des Grandes Découvertes de la fin du XVe siècle, un vaste mouvement de domination économique (dite aussi « première mondialisation »), politique et culturelle du monde commence au profit de l’Espagne, du Portugal puis de l’Angleterre, de la France et de la Hollande. Ces métropoles entrent en concurrence pour l’appropriation des richesses à partir de la fin du XVIe siècle (grandes compagnies de commerce – dont celui des esclaves – avec monopole des États). Une deuxième vague de colonisation commence à la fin du XIXe siècle, alors que les pays d’Amérique du Sud issus des deux premiers empires sont déjà tous indépendants. La Révolution industrielle (dite aussi « deuxième mondialisation ») pousse à la recherche de marchés et la France et l’Angleterre s’affrontent pour le partage d’une partie de l’Asie et de l’Afrique. Les territoires colonisés ont des statuts variables (dominions, protectorats, administration directe). Ce système est remis en question par les colonisés dès l’entre-deux-guerres pour s’effondrer après la seconde guerre mondiale. Les formes prises par les décolonisations ont été très variables en fonction de l’importance des mouvements de libération nationale et des attitudes adoptées par les métropoles. Le Royaume-Uni s’appuie sur le Commonwealth pour sortir du colonialisme avec une relative souplesse, alors que la France perd deux guerres en Indochine et en Algérie. En 1955, la conférence de Bandung réunit les représentants de vingt-neuf pays qui marquent leur soutien aux luttes d’indépendance. L’Espagne et le Portugal sont les derniers États européens à s’accrocher à leurs empires coloniaux qui s’effondrent en 1975 en même temps que les régimes de Franco et de Salazar. Toutefois, si les empires coloniaux ont tous disparu, ils on laissé des traces (par exemple, la France en Nouvelle Calédonie qui ne sera amenée à s’exprimer sur sa possible indépendance qu’à partir de 2014). De plus, depuis un demi-siècle se maintient un processus de colonisation israélien en Palestine.

Communauté/communauté nationale/communauté internationale : selon le sociologue allemand Ferdinand Tönnies (1855-1936), le concept de communauté (Gemeinschaft) s’oppose à celui de société (Gesellschaft) et désigne toute forme d’organisation sociale dans laquelle les individus sont liés entre eux par une solidarité, naturelle ou spontanée, productrice de forte intégration, et animés par des objectifs communs. Dans son usage courant, la communauté nomme toute collectivité sociale à laquelle on prête une unité, quel que soit son mode d’intégration (communauté internationale, Communauté européenne ou andine mais aussi communauté de croyants de telle ou telle religion). La communauté internationaleest une expression commune et ambiguë utilisée pour désigner un ensemble vague d’acteurs politiques (États, organisations internationales, ONG, individus, etc. ou parfois restreinte aux seuls États) fondée sur l’idée d’une humanité unie par une solidarité, des valeurs partagées, des objectifs communs ou encore par une même allégeance à des institutions politiques centrales, ce qui est loin d’être le cas. Les termes de communautaire et communautarisme, apparus à la fin des années 1970 dans la science politique, désignent la construction de l’identité, de l’appartenance et de l’allégeance sur des bases ethniques, linguistiques, religieuses ou sociologiques, à côté, voire contre l’État et le contrat social qu’il est censé garantir. La mondialisation contemporaine modifie profondément le rôle des États et des individus d’une part, les rapports complexes entre universalisme et particularisme d’autre part, ouvrant ainsi des espaces à l’émergence de multiples formes de communautarisme.

Consensus de Washington : appellation qui recouvre à partir de 1989 les recommandations aux États de l’économiste John Williamson et des institutions financières internationales (FMI et Banque mondiale) en vue de libéraliser leurs économies. Elles prennent la forme de plans d’ajustement structurel (discipline et réforme fiscale, réorientation des dépenses publiques, libéralisation des échanges et privatisation des entreprises publiques. Ces recommandations ont eu une grande influence, de l’Amérique latine à l’Afrique, jusqu’aux pays postcommunistes. Leurs résultats économiques ont été variables et leurs conséquences sociales dramatiques dans les États déjà dépourvus de politiques publiques redistributives.

Contrat social : dans la philosophie politique des Lumières, passage d’un état de nature à un état social par la volonté contractuelle des individus concernés. Voir fiche Théories des relations internationales (Section 1).

Culture : ce qui distingue l’existence humaine de l’état de nature, c’est-à-dire les processus par lesquels l’homme utilise et développe ses capacités intellectuelles. Selon Clifford Geertz (1973), la culture est un système de significations communément partagées par les membres d’une collectivité sociale, qui en font usage dans leurs interactions . Les cultures ne sont donc pas figées et se transforment au gré des pratiques sociales. A ce titre, elles sont à la fois porteuses de logiques d’inclusion et d’exclusion. Le culturalismeest une conception qui considère les croyances supposées collectives et les appartenances à telle ou telle culture comme prédéterminantes des comportements sociaux, nonobstant le jeu des autres variables, notamment les pratiques individuelles et collectives ainsi que leur évolution. Le multiculturalismeest un principe de gestion de la diversité linguistique, culturelle, religieuse, ethnique, etc., à l’intérieur d’un même État, les divers groupes concernés pouvant fonctionner en tant que communautés sous réserve d’accepter les valeurs fondamentales de l’État au sein duquel ils coexistent.

Désarmement : vise à la réduction, voire à la suppression des armements et des forces armées d’un État et se différencie de la limitation ou de la maîtrise des armements, qui consistent à limiter leur quantité, leur nature et leur usage. Le désarmement peut concerner certaines catégories d’armes (conventionnelles, légères, chimiques, bactériologiques, nucléaires, mines antipersonnelles, bombes à sous-munitions, etc.) et s’appliquer à certaines régions (définition de zones dénucléarisées, traités bi- ou multilatéraux). Voir Fiche désarmement (Section 9).

Déterritorialisation : notion développée en philosophie dans les années 1970 (Gilles Deleuze), reprise aujourd’hui par différentes sciences sociales (science politique, géographie, économie) et d’un usage courant très polysémique Dans un contexte d’augmentation et de diversification des flux transnationaux, la déterritorialisation peut faire référence aux délocalisations et relocalisations d’entreprises, à la diminution des distances et au développement du cyberespace. En termes politiques, l’érosion du monopole des États a fait entrevoir la « fin des territoires »(Bertrand Badie, 1995), c’est-à-dire à la fois un dépassement de la notion de territoire (fermé par des frontières) et une perte de son sens. On entend alors par déterritorialisation du politique toute remise en cause, explicite ou implicite, de la possibilité ou de la légitimité d’organiser un ordre politique en une réalité territoriale. Pour les géographes, l’instantanéité communicationnelle contemporaine n’abolit ni les lieux ni les distances, les territorialités sont en recomposition permanente.

Développement/développement durable : les définitions du développement et de son contraire – le sous-développement – ont beaucoup varié en fonction des objectifs politiques et des postures idéologiques de ceux qui les énonçaient. Dans les années 1970, Walt Whitman Rostov le conçoit comme une dynamique quasi mécanique d’étapes successives de croissance économique et d’améliorations sociales, alors que Samir Amin (1931-) analyse les rapports centre/périphéries, le premier fondant son développement sur l’exploitation des secondes. En Amérique latine, la théorie de la dépendance dénonçait l’ethnocentrisme d’une conception du développement comme simple retard à rattraper par la modernisation et selon un modèle d’évolution universel. La mondialisation contemporaine et la densification des relations et interdépendances à toutes les échelles mets les lieux et les territoires en compétition au sein de réseaux de plus en plus complexes. La notion de développement durableest apparue en 1987 dans le rapport Brundtland (ONU), Our Common Future, qui affirme pour la première fois que la recherche de la croissance économique doit s’accompagner d’une plus grande équité sociale et d’une prise en compte des équilibres écologiques pour limiter le creusement des inégalités mondiales et ne pas compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs besoins. La notion de développement humaindepuis les années 1990 replace les individus au cœur des processus de développement (voir IDH) et analyse la capacité d’une société à créer un environnement où chacun peut développer tout son potentiel et mener une vie productive et créative conforme à ses besoins et intérêts.

Diaspora : ensemble de communautés dispersées, souvent sur de très grandes distances, qui restent liées par des échanges économiques, financiers et culturels et se réfèrent à un territoire et une culture d’origine. L’accélération des processus de mondialisation et l’augmentation du nombre des migrants ont stimulé les diasporas anciennes (juive, grecque, arménienne, chinoise, indienne) et en ont créé de nouvelles (pays du Sud). La capacité à préserver les références culturelles d’origine au-delà des générations et indépendamment de la distance est fonction de la densité des réseaux transnationaux qu’elles construisent.

Diplomatie préventive  : théorisée par le secrétaire général des Nations Unies, Dag Hammarskjöld dans les années 1950, elle a pour objectif d’éviter que des différends ne surgissent entre les parties, d’empêcher qu’un différend existant ne se transforme en conflit ouvert et, si un conflit éclate, de faire en sorte qu’il s’étende le moins possible. Elle a connu un regain d’intérêt dans les années 1990, sous l’impulsion du secrétaire général des Nations Unies, Boutros Boutros-Ghali, confronté à l’évolution des conflits internationaux. De nombreuses organisations multilatérales tentent aujourd’hui de mettre en place des mécanismes de prévention des conflits. Ceux-ci nécessitent l’acceptation de médiateurs par les protagonistes, l’instauration d’un climat de confiance, y compris par la pression ou la dissuasion, une connaissance approfondie des enjeux locaux et la création de dispositifs de détection et d’alerte rapide ( early warning systems) afin d’empêcher toute escalade. Ces instruments s’avèrent néanmoins peu adaptés au cas des nouveaux conflits internationaux.

Dissuasion : stratégie qui consiste à faire en sorte que l’adversaire n’intervienne pas en raison de chances de succès aléatoires ou du coût disproportionné de son intervention (menaces de sanctions, déploiement préventif de forces, etc.). A partir de 1945 la dissuasion nucléaire vise à convaincre l’adversaire de ne pas attaquer militairement en le menaçant, implicitement ou explicitement, de représailles nucléaires. Elle repose sur la capacité de riposter et d’être crédible et s’avère donc extrêmement coûteuse.

Droit naturel : le droit naturel (jus naturale) fait référence à des normes immuables et universelles, inhérentes à la nature humaine. Enoncé dès le Vème siècle av. JC par Sophocle, dont l’Antigone évoque l’idée de « lois non écrites » pour s’opposer à l’absolutisme du roi Créon, le concept de droit naturel a été développé à la Renaissance par les théologiens et juristes de l’école de Salamanque et par le philosophe néerlandais Hugo Grotius, inspirateur du droit international moderne et théoricien de la guerre juste. D’origine divine ou découvertes par la raison, ces normes sont conçues par les théoriciens jusnaturalistes indépendamment du droit positif en vigueur dans les sociétés humaines. Les interprétations divergent quant au contenu du droit naturel, voire la possibilité même de normes à caractère universel. Cette absence de consensus fonde notamment l’opposition entre partisans de droits de l’Homme à portée universelle et défenseurs d’une approche relativiste contextualisant les droits dans les sociétés où ils sont énoncés.

Droits de l’homme/Droits humains  : ensemble de régulations internationales visant à protéger les droits de la personne humaine. Les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo ainsi que la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 constituent des éléments fondateurs de la lutte contre l’impunité. Auparavant, la protection de la personne humaine relevait des prérogatives nationales. Désormais, le respect des droits de l’homme concerne l’ensemble des acteurs de la scène internationale. De nombreux rapports des ONG dénoncent les violations persistantes de ces droits. Le droit international humanitaire est une branche ancienne du droit international qui a pour objectif l’atténuation des souffrances des victimes de conflits armés et la protection des populations civiles. Il impose des obligations aux états les uns envers les autres ainsi qu’à l’égard de leur population. Parfois nommé « droit de la guerre » (jus in bello, c’est-à-dire « droit dans la guerre ») ou plus récemment « droit des conflits armés », il a évolué au fur et à mesure des transformations des pratiques belliqueuses. Aux préceptes religieux de moraliser la guerre lors des conflits médiévaux ont succédé les gentlemen’s agreements des guerres aristocratiques et interétatiques, et la distinction entre soldats et civils à partir du XVIe siècle. Principalement codifié par le Comité international de la Croix-Rouge (créé en 1860) et la première Convention en 1864, il repose sur les trois principes de neutralité, d’interdiction d’armes jugées préjudiciables et d’immunité aux non-combattants. Les conventions de Genève de 1949 (amélioration du sort des blessés et des malades dans les forces armées en campagne et sur mer, traitement des prisonniers de guerre et protection des personnes civiles en temps de guerre) ont été complétées par des protocoles additionnels en 1977 et en 2005 La Cour pénale internationale (CPI)est la première juridiction pénale internationale permanente (statut adopté à Rome le 17 juillet 1998 et entré en vigueur le 1er juillet 2002). Elle fonctionne selon le principe de complémentarité avec les systèmes judiciaires nationaux et n’intervient qu’en cas d’incapacité ou d’absence de volonté de juger de ces derniers. La cpi est compétente pour juger des crimes de guerre, de génocide et les crimes contre l’humanité.

Échelle : terme polysémique employé pour parler de la taille d’un phénomène ou bien du niveau auquel on l’analyse. Si l’on parle d’échelle spatiale ou de la taille : quelques kilomètres correspondent à l’échelle locale, alors que l’échelle mondiale correspond à des dizaines de milliers de kilomètres. Si l’on parle de niveau d’analyse : l’échelle locale renvoie à un espace singulier. Les autres échelles, régionale (à l’intérieur des États), nationale (celle des États) et supranationale (dont celle des « régions » jusqu’à celle du monde et de l’universel), sont définies par rapport à un niveau de pouvoir. Pendant longtemps chasse gardée et marque de fabrique des géographes, l’analyse multiscalaire s’impose aujourd’hui à l’ensemble des sciences sociales toutes confrontées à la densité et la complexité des connections de tous types au sein et entre les sociétés. Local est un adjectif qualifiant un tout petit espace ou un lieu. C’est aussi un niveau d’échelle auquel s’inscrivent les processus de mondialisation, qu’ils les investissent ou qu’ils les abandonnent. Dans les années 1980 en France, le terme est devenu un nom pour qualifier un espace refuge contre les politiques étatiques. Un peu plus tard, le terme glocal, contraction de global et local, a été imaginé pour rappeler à la fois l’inscription territoriale des systèmes productifs et les interactions entre les niveaux d’échelle, c’était aussi une façon de réagir aux affirmations aussi répandues que fausse sur la « fin de la géographie ».

École anglaise : voir fiche Théories des relations internationales (Section 1).

École de Francfort : Ecole apparue à la fin des années 1920 à Francfort, sous le parrainage de Max Horkheimer et principalement inspirée par le marxisme et la critique de la domination. A l'origine de la "théorie critique" en sciences sociales, elle s'actualise dans la pensée de Jürgen Habermas.

Empire : système politique reposant sur la promotion d’un modèle culturel particulier à prétention universaliste, l’empire est dirigé par une puissance centrale qui assujettit les populations situées à sa périphérie, le plus souvent à la suite de conquêtes militaires. Il est fréquemment composé de plusieurs entités nationales, ethniques ou religieuses (exemples : empires romain, byzantin, ottoman, napoléonien, russe, austro-hongrois, etc.). Les empires perdurent généralement grâce à une exploitation économique, en particulier dans le cas des empires coloniaux. Les empires se distinguent des États par l’absence de frontières nettes délimitant un territoire sur lequel l’autorité politique s’exerce de manière exclusive (marges/ limes).

Empire colonial  : développé à partir du XVIe siècle par les pays européens, l’empire colonial se caractérise par la présence militaire et économique d’une puissance occupante dont le principal objectif est de contrôler le territoire colonisé (avec ou sans peuplement) dont les limites sont souvent en expansion et d’en exploiter les ressources au profit de la métropole.

Entrepreneur/entrepreneur politique/identitaire/de violence : au sens wébérien, l’entrepreneur gère un groupe organisé disposant d’une direction administrative et poursuivant un but précis. Il s’agira ici d’action politique, de construction identitaire ou de manipulation de la violence.

Environnement : ensemble des milieux naturels ou artificialisés dans lesquels l’homme s’est installé, qu’il exploite et aménage (milieux anthropisés), et des milieux naturels nécessaires à sa survie. Science de l’environnement, l’écologie étudie les rapports des organismes avec le monde extérieur. La notion d’environnement implique des interactions constantes entre l’homme et le milieu qui l’entoure et interagit avec lui. Au-delà d’une conception restreinte à la nature (biodiversité, désertification, eau, changements climatiques), les questions d’environnement concernent donc également les enjeux démographiques, sanitaires, énergétiques, génétiques, la pollution, les transports ou encore le choix des infrastructures et des aménagements individuels et collectifs. Toutes ces questions, fortement territorialisées, sont également transnationales en raison des risques environnementaux qu’elles sont susceptibles de générer. L’environnement fait l’objet, depuis une quarantaine d’années, d’une attention croissante de la part des opinions publiques et est devenu l’enjeu de nombreuses négociations et conventions internationales.
Biodiversité : notion forgée durant les travaux préparatoires du Sommet de la Terre de Rio en 1992, elle désigne au sens strict la diversité du monde vivant, souligne l’unité du vivant, et les interdépendances qui lient les trois composantes de la diversité biologique : gènes, espèces, écosystèmes. Ce concept fait sortir le vivant du seul champ des sciences de la nature pour l’inscrire au cœur des débats internationaux. La biodiversité est aujourd’hui à la fois un patrimoine mondial à protéger et une source de revenus potentiels âprement disputés entre États, firmes multinationales et communautés locales.

Équilibre des puissances (balance of power) : voir fiche Théories des relations internationales (Section 1).

Espace/espace naturel/espace social/espace public : espace est un mot aux sens et usages multiples. Catégorie bien moins abordée par les philosophes que celle du temps, l’espace est même une difficulté théorique non consensuelle pour les géographes dont ce devrait pourtant être l’objet central. Contrairement aux représentations et usages courants d’une étendue naturelle que rempliraient les sociétés, l’espace est un produit social sans cesse reconstruit par les sociétés ; il constitue une des dimensions de la vie sociale, à la fois matérielle et culturelle. Concept du philosophe Jürgen Habermas (1978), espace public postule que le politique devient un thème de débat, de publicité et se trouve donc livré à l’opinion publique nationale. Transposé au niveau international, on constate le développement d’un espace public international par le fait que des acteurs autres que les États se saisissent de questions qui relevaient auparavant de la souveraineté nationale.

État : l’État est un système politique centralisé (différent du système féodal ou des systèmes segmentaires), différencié (de la société civile, opposant espace public/espace privé), institutionnalisé (dépersonnalisation des rôles d'autorité), territorialisé (doté d'un territoire dont les frontières marquent de manière absolue les limites de sa compétence), qui prétend à la souveraineté (détention du pouvoir ultime) et se doit d’assurer la sécurité de sa population. En droit international public, l’État se définit par une population qui vit dans des frontières sous l’autorité d’un pouvoir politique, c’est l’État national territorial. La diffusion à l’ensemble des sociétés humaine de cette invention européenne de la fin du Moyen Age a produit une très grande diversité. On parle aujourd’hui d’État effondré ou failli ou manqué (collapsed ou failed state) pour unÉtat incapable d’assurer la sécurité de sa population (fin du contrat social) et le contrôle de son territoire (fin de la souveraineté). Le pays se trouve alors dans une situation de non-gouvernement, génératrice de violence pouvant mener à l’éclatement (par exemple : Congo, Somalie, Afghanistan, etc.). Une telle qualification par la communauté internationale peut toutefois s’avérer arbitraire et masquer des jeux d’intérêts et de puissance. État voyou ou déviant (rogue state) : notion politique subjective aux critères fluctuants utilisée depuis les années 1990 par les États-Unis pour désigner les États qui ne respectent pas les normes internationales, soutiennent le "terrorisme", détiennent des armes de destruction massive et, plus généralement, sont hostiles aux États-Unis. État patrimonial/néopatrimonial : nomme un État dans lequel le gouvernant s’approprie l’administration, se livre à l’arbitraire et au favoritisme. L’expression est inspirée de la notion de patrimonialisme de Max Weber, qui désigne un type de domination traditionnelle dans lequel le gouvernant détient les biens et les personnes au service du pouvoir (par exemple : esclavagisme, fief, sultanat, etc.). La notion d’État néopatrimonial a été forgée par les analystes de politique comparée pour décrire les pratiques de nombreux États en développement dont la consolidation étatique est inachevée. Une vie politique peu institutionnalisée, l’absence de contre-pouvoirs et une société civile faiblement organisée contribuent à la personnalisation de l’autorité et à la confusion entre espaces public et privé. Elles entraînent des tentatives de maintien au pouvoir du (ou des) dirigeant(s) et des pratiques clientélistes. État providence (welfare state) : notion et pratiques développées, surtout en Europe, après la seconde guerre mondiale, période pendant laquelle l’État est fortement redistributeur (prestations sociales). Ce rôle est fortement remis en question par les processus de mondialisation et les tenants de l’idéologie libérale, alors même que la crise économique rend plus nécessaire que jamais l’existence d’un filet de sécurité sociale.

Ethnie/ethnicité/clan/tribu : l’ethnie est une catégorie descriptive apparue à la fin du XIXe siècle, construite par les anthropologues et diffusée entre autres par les administrateurs coloniaux. Contrairement à la race, l’ethnie ne se caractérise pas par la référence à des critères biologiques mais désigne un groupe d’individus ayant la même origine, la même tradition culturelle, et dont l’unité s’appuie sur la langue, l’histoire, le territoire, les croyances et la conscience d’appartenir au groupe ethnique. Postulée comme naturelle, l’ethnie est pourtant un construit social (de l’intérieur et de l’extérieur) à la fois fragile, arbitraire et mythique. Posée comme identité exclusive, elle devient un instrument de mobilisation politique d’autant plus puissant que l’État est en difficulté. L’ethnocentrismeconsiste à ne lire le monde qu’à travers sa propre culture et à vouloir imposer cette interprétation.

Firme multinationale(FMN)/Firme globale : entreprise ayant réalisé des investissements directs à l’étranger (ide) lui permettant de posséder des implantations qu’elle contrôle entièrement ou partiellement (des filiales). Les premières datent de la fin du XIXe siècle ; elles se sont généralisées au début du XXIe siècle. La majorité des IDE se font entre pays industrialisés. Plus que multinationales, ces entreprises sont transnationales et ont tendance, pour les plus importantes, à se transformer en entreprises-réseaux globales.

Flux transnationaux : l’augmentation spectaculaire des flux de tous types caractérise les processus de mondialisation en cours. Ces déplacements entre un point de départ et d’arrivée de biens matériels, immatériels, de capitaux et de personnes, constituent un phénomène éminemment spatial dont les géographes et les cartographes, focalisés sur les territoires, ne se sont pourtant préoccupés qu’assez tardivement. Le monde contemporain est un espace de flux organisés en réseaux plus ou moins denses, non parce que les territoires et les lieux sont semblables et interchangeables, mais précisément parce qu’ils ne le sont pas et que les flux permettent des interactions entre eux. Les flux supposent des tuyaux (câbles sous-marins de téléphonie, oléoducs, gazoducs, etc.) ou des routes (terrestres, maritimes, fluviales, aériennes) et un développement massif des activités logistiques (intermodalité des ports de containers, aéroports de fret, points de retrait du e-commerce, hubs informationnels, etc.). Leur mesure et leur représentation cartographique restent difficiles et souvent simplistes à cause de la production encore strictement étatique des données statistiques comparables. La division internationale du travailest une division technique, sociale et spatiale du travail à l’échelle mondiale à l’intérieur des filières de production des entreprises. Elle s’appuie sur la révolution des transports maritimes et aériens et le développement des technologies de l’information. Dans les coûts de production des entreprises, le transport par navires géants et par containers a baissé, celui de la main-d’œuvre reste élevé et celui de la recherche et développement (R&D) augmente. Le travail non qualifié est réalisé dans les pays les plus pauvres, à coûts de main-d’œuvre les plus bas, les produits semi-finis déplacés pour le montage vers des régions à main-d’œuvre plus qualifiée, la R&D et les études de marchés vers des régions de haute qualification. Certains pays démontrent une grande capacité à remonter les filières (Corée du Sud, Taiwan et, partiellement, la Chine).

Industrialisation/Désindustrialisation  : développé à partir du XIXe siècle (Révolution industrielle) dans quelques petites parties du monde – Europe occidentale puis États-Unis – et dans les îlots formés par leurs annexes coloniales, le processus d’industrialisation est en transformation constante dans ses structures, ses productions et ses localisations. Les IDE et le nomadisme des entreprises sont à la base du couple désindustrialisation/industrialisation avec l’abandon par les firmes des espaces traditionnels de l’industrie manufacturière (fermeture des usines, pertes d’emplois, démantèlement des réseaux d’entreprises de sous-traitance), en même temps qu’une industrialisation des pays émergents passés progressivement de pays ateliers à des industries à plus fort contenu en recherche et développement (R&D). En parallèle le secteur informel (notion développée par le Bureau international du travail à partir des années 1970) rassemble quantité d’activités de production et de services (notamment le petit commerce) au sein de structures non enregistrées ou non déclarées et généralement peu respectueuses des normes du travail, de la propriété intellectuelle et de l’environnement. On estime que le secteur informel dépasse la moitié des emplois dans les pays du Sud et représente souvent plus du quart du PIB de ces pays.

Fondamentalisme : apparu chez les évangélistes protestants américains au début du XXe siècle, existe dans la plupart des religions. Cette forme de retour du religieux est en grande partie une réaction à une modernité qui marginalise le religieux. Il est le fait d’un mélange d’éléments de tradition religieuse et de modernité technique, et se caractérise par la réactivation stratégique des fondements de la religion ainsi que par une posture à la fois totalement excluante et messianique. Le messianisme  désigne la mobilisation, sur une base religieuse, annonçant un avenir radieux pour les malheureux et les pauvres, qui s’oppose aux institutions en place. Il se développe sur le terreau des inégalités et des frustrations, qui permet de passer du registre religieux au registre politique.

Frontière : ligne au-delà de laquelle cesse la souveraineté étatique. Elle se distingue des marges floues ou limites des empires. N’ayant rien de naturel, ces constructions historiques lentes, plus ou moins endogènes, et plus ou moins objet de contestations et de violence, sont profondément modifiées par les processus de mondialisation. Les intégrations régionales les atténuent, les suppriment et les repoussent ; les acteurs transnationaux les traversent ou les contournent en même temps qu’elles se sont fermées aux migrations et que de nouvelles frontières sont érigées. La Frontière (fronteer) dans l’histoire des états-Unisest un espace mouvant, autant symbolique (entre les colons et les Indiens) – voire quasi mythologique – que physique (l’expansion lente et continue de la colonisation de peuplement vers l’Ouest lointain – Far West – au détriment des Indiens). Les fronts pionniers sont des espaces de conquêtes de nouvelles terres agricoles ; au Brésil, un des derniers fronts pionnier continue à progresser au détriment de la forêt amazonienne, où la production massive de soja et de bovins alimente les exportations.

G7/g8- G20 : Sommet des pays les plus industrialisés et riches de la planète (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et, depuis 1998, Russie), lancé en 1975 sous la forme d’une rencontre informelle des chefs d’État. La Russie a rejoint en 1998 le groupe, désormais g8, et l’a présidé en 2006. Les premiers sommets traitaient de macro-économie, de commerce international et de développement. Ils traitent désormais également des questions politiques. Élargis progressivement à d’autres sujets, les derniers s’articulent autour de l’allégement de la dette des pays les plus pauvres, de la régulation des flux internationaux de capitaux offshore et spéculatifs, de la lutte contre l’épidémie de VIH/sida, ainsi que des questions d’environnement. Les récents sommets du G8 ont généralement donné lieu à une dénonciation et à des contre-sommets altermondialistes.

g 20 (dit commercial) : groupe de 21 États (5 africains : Afrique du Sud, Égypte, Nigeria, Tanzanie et Zimbabwe ; 6 asiatiques : Chine, Inde, Indonésie, Pakistan, Philippines, Thaïlande ; 10 latino-américains : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Cuba, Guatemala, Mexico, Paraguay,Uruguay et Venezuela) officiellement constitué le 20 août 2003 juste avant la conférence de l’OMC à Cancún. Très hétérogène sur le plan politique mais aussi économique, il regroupe, autour du Brésil et de l’Inde, des États représentant le quart des exportations agricoles mondiales et veulent dénoncer les politiques agricoles des États-Unis et de l’Union européenne. Leurs positions sur les négociations concernant les produits non agricoles ne sont pas communes.

g 20 (dit financier) : depuis 2008, désigne un groupe composé des chefs d’État de 19 pays considérés comme les plus développés (les membres du G8, l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique et la Turquie), ainsi que de l’Union européenne, dont les réunions servent de base aux discussions pour la mise en place d’une nouvelle gouvernance financière censée répondre à la crise. Cette gouvernance de clubs s’avère peu efficace.

Genderstudies (en Relations internationales) : voir fiche Théories des relations internationales (Section 1).

Génocide : crime visé par la convention internationale du 9 décembre 1948. Sa définition pointe des actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, sous forme soit : a) de meurtre de membres du groupe ; b) d'atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; c) de soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; d) de mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ; e) de transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.

Gouvernance/Gouvernance globale : désigne une forme de régulation collective fondée sur les relations entre acteurs publics et privés, la notion de gouvernance s’oppose à celle de gouvernement et donc indirectement à l’idée de monopole étatique. Elle est utilisée à l’échelle mondiale depuis les années 1990 pour souligner l’essor des acteurs non étatiques. Dans les discours des institutions financières internationales, elle invite à une gestion plus rigoureuse des budgets (« bonne gouvernance »).

Guerre/Conflit : Le conflit est une contestation qui oppose deux ou plusieurs États. La guerre est considérée comme l’aboutissement paroxystique de la rivalité chronique qui oppose les États entre eux et implique à ce titre le recours à la force. Les « nouveaux conflits internationaux », apparus essentiellement aux lendemains de la guerre froide, se caractérisent notamment par une réinvention de la guerre désormais « classique » ou « westphalienne », caractérisée notamment par leur nature intra-étatique, la diversité des acteurs qui y participent, le type de violence mobilisée, l’inefficacité et la perte de sens des modes traditionnels de leur résolution.

Guerre froide  : Désigne la période d’affrontement entre les États-Unis et l’URSS depuis l’après-seconde guerre mondiale jusqu’à la fin des années 1980. Le débat reste vif entre historiens quant aux dates précises de son début (Révolution bolchevique de 1917 ? 1944 ? 1947 ?) et de sa fin (chute du mur de Berlin en 1989 ou éclatement de l’URSS en 1991 ?). La guerre préventive est une guerre déclenchée par celui qui se sent menacé, à partir de la conviction qu’un conflit futur est inévitable sans pour autant être imminent. Elle a pour but d’éliminer la menace avant qu’elle ne soit formée en tirant avantage de l’effet de surprise. Telle fut la stratégie adoptée par Israël en 1967 en déclenchant la guerre des Six Jours. La guerre préventive se distingue de la guerre préemptive, qui est le fait d’attaquer le premier quand une attaque est imminente, même si les deux notions sont proches et leur frontière floue. À cause du caractère spéculatif de la guerre préventive, la menace qu’incarne l’adversaire pouvant ou non être avérée, ce type de guerre est considéré comme illégal par le droit international s’il se fait sans l’aval des Nations Unies, comme ce fut le cas lors de l’invasion de l’Irak par une coalition multinationale dirigée par les États-Unis en mars 2003.

Hégémonie/stabilité hégémonique : suprématie ou domination d’une puissance sur une autre. Selon Robert Cox (1987), « les États dominants créent un ordre fondé idéologiquement sur un certain consentement des dominés ». Joseph Nye (1990) désigne par soft power les facteurs de puissance autres que militaires et économiques (qui relèvent du hard power) et qui permettent de consolider cette domination et d’influencer durablement les autres États.

Identité/identitaire : notion ambiguë, plurielle, éminemment subjective, souvent instrumentalisée ou manipulée. Aucune identité n’est prédestinée ni naturelle, mieux vaut donc parler de construction identitaire, ou de processus de construction de représentations élaborées par un individu ou un groupe. Ces représentations ne sont ni stables ni permanentes et définissent l’individu ou le groupe à la fois par lui-même, par rapport ou en opposition aux autres, et par les autres. Les individus et les groupes les mettent en place selon leurs désirs, leurs intérêts et les contraintes propres à la situation dans laquelle ils se trouvent ; il s’agit donc d’une construction dans l’interaction. Cette combinaison des échelles d’appartenance, d’allégeance et de la double reconnaissance interne et externe est un processus complexe, plus ou moins conscient, plus ou moins contradictoire, toujours dans la combinaison, souvent dans l’approximation, la recomposition et le changement.

Indice de développement humain (IDH) : concept inspiré de l’économiste indien et prix Nobel d’économie Amartya Sen. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) publie en 1990 un Rapport annuel sur le développement humain qui utilise ce nouvel outil d’analyse du développement. L’IDH est un indicateur composite qui intègre le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat (ppa) (1/3), l’espérance de vie à la naissance (1/3) et le niveau d’instruction (taux d’alphabétisation des adultes [2/9] et taux combiné de scolarisation dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur [1/9]). Il varie de 0 (exécrable) à 1 (excellent) et indique le développement et le bien-être social de la population d’un pays. Depuis 1995, l’indicateur sexospécifique du développement humain (ISDH) intègre les inégalités hommes/femmes dans le calcul de l’IDH.

Indice de pauvreté humaine (IPH) : se décompose en deux variantes, l’IPH1 concerne les pays en développement et tient compte de cinq critères : probabilité de décéder avant 40 ans, analphabétisme, pourcentage de personnes privées d’accès aux services de santé, pourcentage de personnes privées d’accès à l’eau potable, pourcentage d’enfants de moins de 5 ans souffrant d’insuffisance pondérale. L’IPH2 concerne les pays développés et se décompose en quatre critères : probabilité de décéder avant 60 ans, illettrisme, pourcentage de personnes en deçà du seuil de pauvreté, pourcentage de chômeurs de longue durée. L’ Indice de Gini, développé par le statisticien italien Corrado Gini mesure l’inégalité d’une distribution dans une société donnée (par exemple de revenus) et varie de 0 (égalité complète) à 100 (inégalité extrême).

Ingérence : Intervention dans les affaires d’un État, sans son consentement, au mépris du principe de souveraineté. Il existe diverses formes d’ingérence : politique, économique, sociale, culturelle, religieuse, humanitaire. L’ingérence implicite désigne toutes les formes inavouées de remise en cause de la souveraineté de l’autre.

Droit d’ingérence humanitaire : est apparu avec la création de Médecins sans frontières et l’essor du « sans-frontiérisme humanitaire » en réaction à la guerre du Biafra (1967-1970). Les ONG humanitaires revendiquent un droit d’ingérence et de témoignage lorsque les droits de l’homme leur paraissent violés, remettant en cause le droit humanitaire traditionnel qui respectait les principes de souveraineté, de neutralité et de non-ingérence. Depuis la résolution 43/131 (en 1988) de l’Assemblée générale des Nations Unies autorisant l’accès aux victimes pour les ONG agissant dans un but humanitaire, le Conseil de sécurité n’a cessé d’élargir les acteurs impliqués dans l’ingérence humanitaire, passant des ONG aux États et à l’ONU. Norme émergente sur la scène internationale, l’ingérence humanitaire n’est cependant pas dépourvue d’ambiguïtés, notamment dans la conciliation de missions humanitaires et militaires.

Individu : acteur social élémentaire dont la place va croissant dans les processus de mondialisation pour de multiples raisons parmi lesquelles : la circulation accélérée des idées, des valeurs et des informations, la possibilité de construire des réseaux d’échange et de solidarité sans proximité physique, la création de réseaux d’experts internationaux, la lutte pour le respect des droits de l’homme et les demandes de démocratie.

Institutionnalisme libéral : voir fiche Théories des relations internationales (Section 1).

Intégration/Intégration régionale/Intégration sociale : notion polysémique, l’intégration régionale est une évolution majeure de l’espace mondial depuis 1945 dont les rythmes, les objectifs, les modalités et les acteurs varient. On distingue deux grands modèles d’intégration : l’un, classique, est intergouvernemental, c’est-à-dire décidé et conduit par des États ; l’autre, qualifié de néorégionalisme ou régionalisme ouvert, est davantage décentralisé et construit par des acteurs divers, souvent non étatiques (entreprises, réseaux d’intérêts, etc.). Ces associations d’États dans un ensemble régional supra-étatique sont construites sur des niveaux variables de délégation de souveraineté (zone de libre-échange, union douanière, marchés communs, unions économiques et monétaires).
Le dépassement du cadre de l’État-nation crée un niveau intermédiaire entre États et une gestion multilatérale du monde qui génère des phénomènes d’enchevêtrements et de négociations entre ensembles régionaux. On parle d’intégration sociale, politique et culturelle par opposition à « ségrégation » à propos de l’incorporation des étrangers dans les sociétés d’accueil. Leur intégration suppose plus qu’une simple inclusion par juxtaposition (comme dans le modèle du multiculturalisme) mais se différencie d’une assimilation qui nie leur spécificité. L ’intégration spatiale fait référence à l’incorporation progressive d’espaces très périphériques et marginalisés dans le système spatial du centre, le résultat modifiant l’un et l’autre. Le problème de la désintégration du lien social se pose quand un ou des groupes cumulent des phénomènes d’exclusion économique, sociale, politique et spatiale. Les processus de mondialisation en cours, qui relient les sociétés mais maintiennent ou creusent les écarts sociaux économiques, sanitaires et culturels entre et au sein de ces sociétés, créent et reproduisent une situation de fort déficit d’intégration sociale mondiale de plus en plus visible par les exclus.

Interdépendance : mode de relation fondée sur une interaction dense et continue entre entités sociales et politiques, conduisant à une réduction de l’autonomie de chacune d’entre elles qui se trouvent en partie reconstruites l’une en fonction de l’autre. Appliquée aux États notamment dans le contexte de la mondialisation, elle implique une réduction ou une modulation de la souveraineté, de même qu’une relativisation de la puissance : l’interdépendance suppose en effet une dépendance du faible à l’égard du fort, tout autant qu’une dépendance partielle du fort à l’égard du faible.

Intérêt national : voir fiche Théories des relations internationales (Section 1).

Internet : interconnexion à l’échelle mondiale de réseaux informatiques locaux qui permet d’échanger des textes, images, sons, vidéos grâce à un protocole unique de communication (TCP/IP). Inventé durant les années 1960 pour faciliter les communications entre chercheurs et militaires travaillant aux États-Unis, le réseau n’a cessé de croître, de se ramifier et d’innover (courrier électronique, messagerie instantanée, partage de fichiers etc). Avec la création du web (world wide web ouwww), au début des années 1990 et le développement de navigateurs, internet devient progressivement accessible au grand public. Les connexions à haut débit permettent les transferts de données de plus en plus volumineuses, la multiplication des activités en ligne (téléphonie, visiophonie, commerce électronique, cyberjeux, etc.) et marquent le passage d’une logique de stock d’informations à celle de flux continu. Le développement du web 2.0, communautaire et interactif permettant aux usagers d’interagir entre eux (blogs, réseaux sociaux, sites de partage de photos ou de vidéos, encyclopédie coopérative etc) modifie considérablement les comportements sociaux et les mobilisations à travers le monde en leur donnant une visibilité immédiate. Les États non démocratiques en pratiquent régulièrement la censure ou la coupure. Transparents pour les utilisateurs, les réseaux nécessitent des investissements considérables (recherche-développement, câbles sous marins, serveurs, data center géants etc.) dont seules sont capables quelques firmes géantes. Treize serveurs racines contiennent toutes les données de correspondance entre les noms de domaine et les adresses IP du réseau internet, sont administrés et coordonnés par l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), société de droit privé californien à but non lucratif qui reste sous la supervision directe du département américain du Commerce qui l’a créée en octobre 1998. De nombreuses voix réclament que les compétences de régulation d’internet soient transférées dans un organisme international sous la supervision de l’ONU. Les révélations de la surveillance généralisée d’internet par la National Secutity Agency des États-Unis ont montré l’urgence des questions de gouvernance du réseau. Un Sommet sera co-organisé par l’INCANN et le gouvernement brésilien en 2014.

Intergouvernementalisme/construction fédérale : voir fiche Construction européenne (Section 3).

Investissement direct à l’étranger (IDE) : tout investissement motivé par la volonté d’une entreprise d’acquérir un intérêt durable (participation supérieure à 10 % des droits de vote) et une influence significative dans la gestion d’une entreprise résidant dans un autre pays. Cette opération, impliquant une relation à long terme (à l’inverse des investissements dits «spéculatifs »), peut se faire par la création d’une entreprise nouvelle ou, plus généralement, par la prise de contrôle de tout ou partie d’une entreprise existante par le biais d’achats et de fusions. Les IDE, dont la majorité concerne des flux Nord-Nord, sont à la base de la mondialisation des firmes multinationales.

Islamisme : usage à des fins politiques des référents religieux islamiques. Certains limitent l'islamisme au seul usage contestataire; mais il peut sembler légitime de l'appliquer à toute forme d'action politique: il s'oppose alors aux quiétismes. A noter que le salafisme en est une variante et que le "salafisme djihadiste" est lui-même une version très minoritaire de ce dernier.

Land grabbing : accaparement de terres par des investisseurs privés ou publics extérieurs en vue de l’exploitation des ressources naturelles.

Libéralisme/libéralisation (en économie)/libéralisme (en relations internationales) : ensemble de conceptions fondées sur les principes de l’économie de marché et de la libre entreprise (liberté de propriété, de contrat, de libre disposition de la force de travail). Les théoriciens du libéralisme s’opposent à l’intervention de l’État dans les affaires économiques et militent pour l’assouplissement (voire la disparition complète) des normes de régulation (sociales, fiscales, environnementales, etc.) qu’ils considèrent comme des freins à l’initiative des entrepreneurs économiques et des entraves au libre jeu de la concurrence. Libéralisme (en relations internationales) : ensemble d’interprétations théoriques en relations internationales qui considèrent l’individu comme l’acteur fondamental de la politique internationale, l’État n’étant qu’un intermédiaire entre les deux. En vogue durant l’entre-deux-guerres, il s’intéresse aux conditions de coopération entre intérêts antagonistes, à la possibilité de résoudre pacifiquement les conflits, notamment par le droit, et au rôle du libre-échange.

Lobby : groupe de pression ou d’intérêt dont le but est d’influencer les décisions des autorités politiques pour qu’elles prennent des décisions dans l’intérêt des membres composant le lobby. Selon les cultures politiques des différents États, les lobbies sont plus ou moins reconnus et acceptés dans le jeu politique, et plus ou moins transparents et licites dans leurs méthodes et actions. La technicité croissante des négociations commerciales et l’imbrication complexe des niveaux et processus de décision les conduisent à se doter de fonds proportionnels aux enjeux qu’ils défendent et à recourir à des experts de haut niveau pour préparer leurs dossiers. Ils jouent un rôle important dans les processus d’élaboration des législations aux États-Unis, dans les institutions de l’Union européenne ou encore à l’OMC.

Mafia : le terme désigne à l’origine une partie des groupes criminels italiens, il s’applique aujourd’hui de manière générique à tous les réseaux d’économie illégale fonctionnant sur la base du crime organisé (drogue, racket, prostitution, contrefaçon, etc.). Acteurs transnationaux les moins bien connus, ce sont des groupes très organisés, strictement hiérarchisés et en développement rapide dans les États défaillants ou en profonds changements (Russie, Chine, Mexique, Colombie) où leur poids dans l’économie peut être considérable.

Métissage : ou mélange ou hybridation, biologique et/ou culturel, s’accélère à la période contemporaine mais concerne les temps longs de l’histoire de l’humanité. C’est l’obsession du modèle de l’État national territorial fermé aux circulations et homogène en termes d’identité (voire d’ethnie ou de race dans certains cas) et de culture, qui occulte cette dimension présente dans presque toutes les sociétés du monde. Certaines périodes de mobilité accrue des populations sont des accélérateurs de métissage (« découverte » du Nouveau Monde, colonisation du XIXe siècle, fin du XXe siècle). Certains régimes politiques ont tenté ou tentent de le nier et le combattent (obstacles aux mariages dits « mixtes », relégations, ghettoïsation, déplacements de populations, épurations ethniques, exterminations, génocides). La mondialisation actuelle, avec l’ubiquité informationnelle et la diversification des flux migratoires, donne à ce phénomène une importance jamais atteinte.

Minorité : tout groupe social qui, dans une société donnée, se trouve en situation d’infériorité par rapport à un groupe dominant. Cette situation s’exprime de façon quantitative, mais se définit aussi par référence à des données qualitatives de nature culturelle (minorités linguistiques, religieuses, ethniques, voire sociales).

Missions de paix/opérations de paix : conduites par les organisations internationales, elles revêtent différentes formes selon les mandats qui leur sont confiés. Historiquement, des missions de maintien de la paix (peace-keeping) ont été conçues et mises en place par l’ONU durant la guerre froide. Le recours au veto effectif ou sa menace par les membres permanents du Conseil de sécurité empêchait alors ce dernier d’appliquer une grande partie des mesures coercitives prévues par le chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Ces missions, limitées, n’autorisaient les Casques bleus à intervenir militairement qu’avec l’accord des parties concernées et après la fin des hostilités, afin de maintenir et faire respecter un cessez-le-feu. Si l’expression maintien de la paix continue parfois d’être utilisée de façon générique pour désigner l’ensemble des missions de paix, d’autres modalités d’intervention ont été depuis déployées par les organisations internationales. Le rétablissement de la paix (peace-making) inclut la négociation et la médiation afin de rapprocher les parties de façon non coercitive. Un déploiement préventif de forces militaires peut être également décidé pour contraindre les belligérants à la paix. L’imposition de la paix (peace-enforcement) est quant à elle une action coercitive menée par des forces militaires contre un agresseur identifié en cas de « menace contre la paix, de rupture de la paix ou d’acte d’agression » (intitulé du chapitre VII de la Charte). Enfin, la consolidation de la paix (peace-building) prévoit de développer les infrastructures politiques, économiques et sécuritaires pour résoudre durablement un conflit. Elle s’apparente parfois à une véritable reconstruction d’États (state-building) et à l’établissement de protectorats par la communauté internationale.

Modernité : définie suivant le modèle des pays les plus industrialisés vers lequel, dans une perspective évolutionniste, convergeraient toutes les sociétés dites moins avancées ; elle se caractérise essentiellement par la place croissante de l’économie, de l’innovation technique, des régimes démocratiques de type occidental, ou encore de la bureaucratie rationnelle légale. Cette conception, dénoncée par maints travaux pour son évolutionnisme naïf, reste implicitement présente dans de nombreux discours d’acteurs politiques et dans un grand nombre de recherches.

Mondialisation (globalisation en anglais) : ensemble des processus complexes d’échange et de diffusion ayant le monde entier pour échelle (gestion, finances, productions, marchés, idées, symboles et valeurs). Le commerce à longue distance existe depuis l’Antiquité (marchands chinois, grecs, arabes, etc.). Les colonisations successives ont diffusé la forme politique de l’État et les modes de vie et les croyances des Européens, puis la Révolution industrielle, à partir de la Grande-Bretagne et de l’Europe, a étendu ses circuits d’approvisionnement et ses marchés à une grande partie du monde. Les États-Unis ont pris le relais de la domination économique du monde après la première guerre mondiale. La seconde moitié du XXe siècle marque une accélération spectaculaire de ces processus qui accèdent alors à une spécificité qui les distingue nettement des formes précédentes, et à la création d’un espace fonctionnel à l’échelle du monde doté d’une logique autonome d’organisation. Ces changements inédits s’appuient sur des révolutions techniques majeures (transports, informatique, télécommunications) et des choix économiques et politiques (libéralisation économique et dérégulation des marchés). Ces nouvelles techniques ont permis le développement massif de nouveaux réseaux, de plus en plus denses et ramifiés, extrêmement hiérarchisés à partir des centres d’impulsion de l’économie mondiale, les très grandes mégalopoles. Les réseaux connectent les différents lieux du monde de façon très inégale. Dans sa phase actuelle, la mondialisation concerne tous les domaines de la vie sociale : immédiateté de la communication (abolition des distances pour certains et accentuation pour ceux qui en sont exclus), complexité (création de sociétés complexes), régression du politique (rôle croissant des acteurs économiques, tendance à privilégier la technique sur les valeurs).

Multilatéralisme/multilatéral : coopération internationale impliquant plus de deux États (critère formel) et visant la production d'un ordre international communément accepté (critère fonctionnel). Le multilatéralisme revêt de multiples formes: échanges de vues, négociations, conférences, sommets et, de manière plus institutionnalisée, conventions internationales, organisations intergouvernementales permanentes. Son extension peut être universelle ou régionale. Il s’agit également, depuis 1945, d’un programme politique et d’un discours sur les valeurs (démocratie, libre-échange, égalité et unité des individus), porteurs d’une prétention à l’universalité et incarnés par le système des Nations Unies et les institutions. Les organisations internationales intergouvernementales (OIG) sont un ensemble structuré où différents États coordonnent leur action, à l’échelle universelle (ensemble des organisations du système des Nations Unies) ou régionale (OTAN, Union africaine, ASEAN), afin d’atteindre des objectifs communs et de gérer des biens communs. Une organisation internationale procède d’un acte fondateur (traité, charte, statut) et s’inscrit dans un cadre matériel (siège permanent, financement, personnel). Apparues au cours du XIXe siècle pour organiser une concertation interétatique dans des domaines administratifs ou techniques (télécommunications, chemins de fer, santé...), les organisations internationales se sont multipliées depuis la seconde guerre mondiale sous des formes très diverses, et leurs compétences se sont progressivement étendues (commerce, sécurité, protection des réfugiés, alimentation, énergie, etc.). D’une autre nature, les Institutions financières internationales nées de la conférence internationale de BrettonWoods en juillet 1944 (Fonds monétaire international et Banque mondiale), participent de la logique libérale et doivent garantir la stabilité monétaire par le respect des taux de change et aider à la reconstruction après la guerre. Le poids des États-Unis et des pays industrialisés est prépondérant dans le FMI dont le rôle se renforce partir de 1982 avec la crise de la dette et l’apparition des politiques d’ajustement structurel. Mais la multiplication des crises économiques et/ou financières dans les années 1990 et 2000 remet en question les principes et le fonctionnement des deux institutions. Celles-ci ont en partie évolué depuis dans leurs discours et leurs priorités, insistant davantage sur la nécessité d’avoir des États stables et non corrompus, capables de mener des politiques publiques de lutte contre la pauvreté, et sur le rôle des organisations de la société civile dans les stratégies de développement.

Nation/nations/nationalisme/nationalité : communauté politique fondée sur la conscience de caractéristiques partagées et d’une volonté de vivre ensemble. On distingue habituellement une conception politique et une conception culturelle de la nation. Dans la première, la nation est inventée et produite par un État. Celui-ci se dote d’un territoire qui dessine les contours de la nation, le territoire précédant la nation (conception dite «française», fondée sur le creuset républicain et le droit du sol). Dans la conception culturelle de la nation, c’est une culture communément partagée qui produit une nation constituée des individus qui la partagent. Le projet national consiste à rassembler cette population sur un même territoire (conception dite romantique ou « allemande » de la nation, fondée sur le droit du sang). Cette dernière est en soi porteuse de conflits et peut conduire à l’épuration ethnique ou au génocide (Allemagne nazie, Grande Serbie, etc.). Les sorties d’empires (URSS, Yougoslavie) réactivent la notion de nation et peuvent se révéler très périlleuses. Nationalisme: dans la mesure où il comporte une relation à l’autre, voire une hostilité envers l’autre, le nationalisme doit être étudié dans un contexte régional ou international et pas seulement à l’échelle de la nation. L’intégration régionale, la mondialisation, la démocratie libérale ou l’idéologie communiste, généralement considérées comme antagonistes au phénomène nationaliste, ne font pas pour autant disparaître les aspirations et les mouvements nationalistes (nés parfois en réaction à la mondialisation et à la modernisation politique). Le nationalisme peut s’exprimer sur le plan politique (parti politique, visée expansionniste) ou économique (mercantilisme, autarcie). Il a d’abord été envisagé dans une perspective dite « développementaliste » (Karl Deutsch, Ernest Gellner) : la formation de réseaux de communication plus denses permet le passage d’une société traditionnelle à une société urbanisée où la mobilisation sociale devient possible et où une communauté de communication et de culture se forme et relie les individus entre eux. Le nationalisme est ici le résultat d’une certaine forme de modernité et non l’expression de solidarités traditionnelles ; il résulte de l’action de l’État lui-même et non de la mobilisation d’identités antérieures contre un État considéré comme artificiel. L’interprétation dominante, dite « primordialiste », considère au contraire que le nationalisme est l’expression de certaines élites, déçues par l’État moderne scientifique et en quête de ressources de pouvoir, qui réinventent une « communauté imaginaire » à fondement ethnique en idéalisant un « âge primitif » de l’ethnie à l’origine de la nation (Benedict Anderson, Anthony D. Smith). Nationalité: juridiquement, la nationalité exprime l’appartenance légale d’un individu à un État, selon les règles édictées par celui-ci. La nationalité provient d’une filiation (droit du sang), de la naissance sur un territoire (droit du sol), ou s’acquiert par naturalisation. La notion de nationalité est liée au développement de l’État-nation et à la notion de citoyenneté, bien que les statuts de ressortissant et de citoyen ne se recoupent pas systématiquement (régimes non démocratiques, discrimination de certaines catégories de populations selon des critères ethniques, religieux, linguistiques ou sociaux).

Nomades/nomadisme : le nomadisme pastoral pour lequel le territoire est un parcours de lieux en lieux, est partout en régression avec, selon les régions, des formes plus ou moins violentes de sédentarisation. La combinaison de contraintes étatiques (contrôle des frontières, contrôle social, attribution de territoires et de points d’eau, coupure des parcours), de crises politiques et de conflits, de politiques de développement inadéquates et de crises climatiques et écologiques, empêche les éleveurs nomades d’avoir recours à leurs stratégies historiques de gestion des aléas climatiques (mobilité accrue, fuite, reconversions provisoires, semi-fixation, partage des familles entre plusieurs activités, etc.). S’ensuivent des crises sociales et politiques profondes et des sédentarisations en milieux urbains précaires menant à leur disparition ou à leur rébellion (Touareg). Nouvelles formes de nomadisme : les mobilités contemporaines (physiques et virtuelles), qualifiées métaphoriquement de nomadisme, se propagent à l’échelle planétaire. Urbanisation, métropolisation, mobilité résidentielle, tourisme international, migrations et développement des nouvelles technologies modifient considérablement les rapports aux lieux, les comportements, et bouleversent les formes du travail. Les technologies de l’information et de télécommunications améliorent la productivité des entreprises et réduisent le coût de maintien du lien avec des collaborateurs toujours plus mobiles qui peuvent se déplacer avec leur environnement de travail. On parle également du nomadisme des entreprises quand leurs délocalisations/relocalisations s’accélèrent.

Opinion publique/opinion publique internationale  : l’opinion publique désigne l’ensemble des représentations socialement construites et véhiculées par les médias, les sondages, les élites, de ce qu’est censée penser la population sur les questions d’actualité. L’opinion publique sur l’international décrit, quant à elle, l’opinion nationale s’exprimant sur des questions internationales. Plusieurs opinions de ce type peuvent alors converger. La notion d’opinion publique internationale, c’est-à-dire la transposition à l’échelle internationale d’une notion déjà contestée à l’échelle nationale, pose problème. L’essor des mobilisations et des solidarités transnationales, exprimées à travers des mouvements de protestation ou de lobbying, n’exprime pas pour autant une opinion mondiale. De nombreux acteurs, ONG, associations, firmes ou organisations internationales invoquent pourtant « l’opinion publique internationale » et lui donnent par là même une certaine existence sociale.

Organisation non gouvernementale (ONG) : association constituée de manière durable par des particuliers en vue de réaliser des objectifs non lucratifs. En théorie, elle défend des valeurs et des convictions (idéologiques, humanistes, écologistes, religieuses, etc.) et non des intérêts. Si de pareilles associations existent depuis longtemps (associations anti-esclavagistes du XVIIIe siècle par exemple), on considère que l’une des premières ONG contemporaines à avoir été créée est la Croix-Rouge, fondée en 1863. Actives tant à l’échelle locale que mondiale (sur des thèmes divers : droits de l’homme, environnement, développement, humanitaire…), les ONG se comptent aujourd’hui par dizaines de milliers, mais sont d’importances très inégales en termes de budget, de personnel et de déploiement.

Puissance : correspond à la volonté et à la capacité pour un acteur de faire ou de ne pas faire, mais également de faire faire ou d’empêcher de faire. La puissance n’existe pas dans l’absolu mais dans la relation à l’autre, elle dépend des rapports de force et de la perception de ces rapports de force. Elle peut être comparée à la notion de pouvoir utilisée au niveau infra-étatique. La mondialisation et la fin de la guerre froide ont fait éclater les registres de puissance : militaire, territoriale, démographique, économique, commerciale, financière, technologique, culturelle, informationnelle, etc. Joseph Nye (1990) distingue le hard power, fondé sur les facteurs de puissance militaires et économiques et qui fournit des instruments de contrainte et de coercition, du soft power, qui permet d’influencer durablement les autres acteurs en suscitant leur adhésion spontanée.

Réalisme  : approche théorique des relations internationales supposant que celles-ci sont construites sur une dichotomie entre l’interne et l’externe, le réalisme en déduit quelques postulats de base parmi lesquels la centralité de l’État et sa quête de puissance, en vue d’assurer sa survie dans un environnement international nécessairement belligène puisque dépourvu de toute autorité supra-étatique.

Réfugiés : terme qui désigne en premier lieu les personnes se trouvant à l’extérieur de leur pays et à qui le pays dans lequel elles se trouvent a reconnu le statut de réfugiés tel que défini dans la convention de Genève de 1951 qui accorde à toute personne « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, et qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays », la protection et l’assistance du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR), créé en 1950. Sont également considérés comme réfugiés les demandeurs d’asile, personnes ayant fui leur pays et sollicité auprès des autorités du pays d’accueil ou du HCR l’attribution d’un droit d’asile, ainsi que les personnes rapatriées dans leur pays avec l’aide du HCR après avoir vécu dans un pays d’accueil et y avoir obtenu un statut de réfugié. Les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays dont les effectifs sont en augmentation très rapide ne sont pas stricto sensu considérées comme des réfugiés puisqu’elles n’ont pas voulu ou pas pu franchir de frontières internationales (elles continuent d’ailleurs de relever de la souveraineté de l’État dont elles sont ressortissantes). Elles bénéficient néanmoins de l’aide du HCR et surtout du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), au nom du droit international humanitaire.

Régime politique/régime (international) : au sens courant du terme, la notion de régime politique désigne les institutions politiques d’un État, tandis que celle de système politique, plus vaste, intègre les divers acteurs politiques et sociaux agissant en leur sein (partis politiques, syndicats, médias, associations, électeurs, etc.). Les nombreux critères de différenciation entre les régimes politiques varient selon les auteurs et les périodes, tendant à se démultiplier et à se sophistiquer (nombre des dirigeants, procédures de désignation des gouvernants, degré de séparation des pouvoirs entre législatif, exécutif et judiciaire, relations entre gouvernants et gouvernés, etc). La typologie classique de la période contemporaine distingue les régimes démocratiques et les régimes autoritaires, le totalitarisme étant quant à lui considéré comme un système politique en raison de son caractère englobant. L’analyse des régimes politiques se consacre toutefois de façon croissante à l’observation du fonctionnement sociopolitique et aux hybridations multiples entre régimes davantage qu’à leur classification en catégories figées.

Régime international : notion utilisée en relations internationales par différents courants théoriques (réalistes, libéraux, constructivistes) depuis la fin des années 1970. Elle désigne des « systèmes de coopération fonctionnelle » qui se déploient à l’échelle internationale. Selon Stephen Krasner, les régimes internationaux sont constitués « de principes, normes, règles et procédures de décision, implicites ou explicites, autour desquels convergent les attentes des acteurs dans un domaine donné des relations internationales » (International Regimes, 1985). Ils peuvent être ou non institutionnalisés (organisations intergouvernementales) et englobent généralement des acteurs étatiques et non étatiques (ONG, firmes, experts, etc.) dans des domaines sectoriels de la coopération internationale (commerce, santé, environnement, droits humains, etc.).

Régulation/régulation internationale : ensemble de processus interactifs qui visent au maintien et à la protection d’un ordre international, ainsi qu’à la prévisibilité du comportement des acteurs, donc à la stabilité. Les changements profonds liés aux processus de mondialisation génèrent des demandes de régulation « correctrices » des nouveaux déséquilibres engendrés.

Religieux/religion : il n’existe aucune acceptation universelle du mot « religion », pas plus qu’il n’y a de distinction claire entre religion et secte. De manière générale, une religion est un système de croyances impliquant une relation entre l’individu et un principe supérieur ou surnaturel. C’est l’ensemble des actes rituels qui permettent la constitution d’un domaine sacré distinct du domaine profane. Est religieux celui qui pratique une religion, mais également celui qui fait de la religion sa profession et y consacre sa vie.

Réseau/réticulaire/réticularisation : la géographie classique a toujours survalorisé les surfaces, les territoires, les pays et les terroirs, mais l’analyse des réseaux est maintenant placée au cœur de sa démarche. Ils sont définis comme un espace où la distance est discontinue, et composés de nœuds reliés par des lignes. Ils sont soit matériels (réseaux de transport de personnes, de biens ou d’énergie, câbles informatiques et autoroutes de l’information), soit immatériels. Partiellement dématérialisés (internet par exemple), ils sont le fait aussi bien d’individus que d’organisations. Les philosophes (Gilles Deleuze et Félix Gattari), les sociologues (Manuel Castells), les politistes (James Rosenau) et les économistes utilisent ce concept pour analyser les logiques réticulaires de fonctionnement des individus.

Sanctions : pratique ancienne et fréquente des relations internationales, l’imposition des sanctions consiste, pour un État ou un groupe d’États, à utiliser des capacités économiques de manière coercitive pour persuader un autre État (ou certains individus en son sein) de mettre un terme à une action en cours, de revenir au statu quo ante ou d’agir même s’il(s) juge(nt) cette action indésirable. Les sanctions peuvent exercer leur effet coercitif directement, en visant les dirigeants politiques de l’État ciblé, ou plus indirectement, en favorisant le mécontentement populaire vis-à-vis du régime. Les instruments économiques sont nombreux : embargo sur des matières premières, des produits ou des services ciblés, gel des avoirs bancaires à l’étranger, interdiction des échanges commerciaux ou financiers, etc. Depuis la fin de la guerre froide, les sanctions sont de moins en moins unilatérales (d’un État sur un autre État) et de plus en plus multilatérales, c’est-à-dire décidées dans le cadre des Nations Unies. Un vif débat sur l’efficacité, jamais véritablement démontrée ou infirmée, des sanctions oppose depuis longtemps ses partisans, qui y voient un instrument de pression efficace sans impliquer un engagement militaire, et ses opposants, qui dénoncent le coût social et humain des sanctions qui visent les dirigeants mais frappent de fait les classes les plus défavorisées de la population.

Sécurité/sécurité internationale/sécurité collective : ensemble de représentations et de stratégies qu’un acteur individuel ou collectif tend à élaborer pour réduire les menaces auxquelles il se sent confronté. Dans le domaine international, la sécurité peut prendre la forme 1) d’un équilibre instable et précaire entre sécurités nationales, gagé sur la puissance des États, 2) d’un aménagement concerté de cet équilibre (sécurité internationale), 3) de la mise en place d’un régime de sécurité qui s’impose à l’ensemble des États qui sont parties prenantes (sécurité collective).La sécurité humaine ou sécurité globale a été proposée pour la première fois par le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de 1994, elle prend en compte sept composantes de la sécurité : alimentaire, sanitaire, environnementale, politique, économique, individuelle, communautaire. La privatisation de la sécurité désigne le phénomène contemporain d’érosion du monopole de la violence physique légitime, traditionnellement dévolu à l’État (Max Weber), qui s’inscrit dans un contexte plus large de privatisation de ses fonctions régaliennes. La faible capacité de certains États à assurer leur propre sécurité entraîne la constitution de milices privées et de groupes d’autodéfense remplaçant une police défaillante. Lorsque des conflits infra-étatiques éclatent, la concurrence pour l’exercice du pouvoir et/ou le contrôle de ressources entraîne la formation de groupes paramilitaires, la participation de mercenaires et l’ascension de seigneurs de guerre (warlords), chefs militaires locaux qui profitent de l’instabilité sociopolitique de l’État pour accroître leur domination politique et territoriale. Un nouveau type de mercenariat se développe dans les pays développés, favorisé par la professionnalisation des armées et la réticence des États occidentaux à intervenir dans des conflits. La sous-traitance de la gestion de l’insécurité par des sociétés privées de sécurité (ou sociétés militaires privées) professionnelles, aux prestations étendues à d’autres activités que la seule participation directe aux combats (gardiennage, transport, ravitaillement, intelligence économique, protection du personnel, reconstruction) et dont la mobilisation est rapide et discrète (engagement privé au nom des États, victimes non comptabilisées parmi les pertes militaires nationales) se développe très rapidement. La rétribution de certaines de ces sociétés par l’attribution de concessions minières, diamantaires ou pétrolières dans les pays en guerre crée un risque de dérives inquiétantes fondées sur la perpétuation d’une économie de guerre et de prédation.

Société civile/société civile mondiale : à l’échelle nationale, la société civile désigne une entité sociale distincte de l’État et dépassant les individus et les groupes qui la composent (classes sociales, catégories socioprofessionnelles, générations).

La notion de société civile mondiale est apparue dans les années 1970 dans les travaux de John Burton (world society). Elle désigne l’ensemble des relations sociales qui se construisent hors du contrôle de l’État sur la scène internationale du fait de la mobilisation de ressortissants de tous les pays en faveur de la production et de l’adoption de normes et de régulations infra ou supra-nationales. L’expression masque toutefois la diversité des revendications des multiples acteurs non étatiques qui agissent aujourd’hui à l’échelle mondiale.

Société internationale : voir fiche Théories des relations internationales (Section 1)

Souveraineté/délégation de souveraineté : la souveraineté est une notion politique conçue au Moyen Âge afin de légitimer l’indépendance d’États naissants (France, Angleterre) à l’égard du Pape et de l’Empereur, et reprise par de nombreux théoriciens de théorie politique et juridique (Bodin, Grotius, Schmitt). Elle désigne la prétention de l’État à ne reconnaître aucune autorité supérieure à la sienne sur son territoire. La notion de souveraineté permet de justifier des représentations politiques et juridiques plus qu’elle ne décrit les rapports de pouvoir existants. Elle constitue le socle du système international, des principes d’égalité juridique entre les États et de non-intervention dans les affaires intérieures, et s’oppose donc à la notion d’ingérence. Au sein des États démocratiques, la souveraineté est attribuée au peuple, qui légitime les institutions et les gouvernants par son vote (« peuple souverain »). Aujourd’hui, les processus d’intégration régionale les plus avancés se construisent à partir de délégations volontaires de souveraineté des États qui renoncent ainsi à une partie de leurs attributs (par exemple l’Union européenne).

Subsidiarité : principe de partage de compétences et de pouvoirs qui attribue à un organe, à une institution ou à une collectivité territoriale, compétents par principe, l’essentiel des actions, l’institution de niveau supérieur n’intervenant que de manière subsidiaire, c’est-à-dire de manière exceptionnelle et en complément. Le principe de subsidiarité est appliqué au sein de l’Union européenne depuis le traité de Maastricht (1992) afin de répartir les compétences entre les États membres et l’Union.

Spill over (débordement) : principe selon lequel toute initiative introduite dans un domaine de l’action publique tend à « déborder » sur les autres domaines. Ainsi en est-il de l’hypothèse voulant que tout renforcement de l’intégration économique de l’Europe ait à terme des effets mécaniques de renforcement de son intégration politique, sans même que des initiatives soient prises dans ce domaine.

Système international : configuration de la scène internationale présentant six grandes caractéristiques : 1) la souveraineté (« un club d’États souverains », détenteurs du monopole de la violence physique légitime – fin des guerres privées) ; 2) la sécurité (une addition de sécurités nationales, celles-ci passant par un minimum d’équilibre entre les puissances) ; 3) la territorialité, c’est-à-dire la juxtaposition de territoires finis (il faut en effet une affirmation claire des frontières pour qu’il puisse exister) ; 4) l’existence de rivalités entre États (conflits internationaux, bien que parfois certains conflits apparemment interétatiques soient en réalité internes aux États) ; 5) un système d’inégalité selon trois critères (inégalité de puissance, de capacité et clientélisation) ; 6) une universalisation (ne peut pas ne pas être universel). Les systèmes se distinguent les uns des autres par leur degré d’inclusion, leur mode de délibération, la structure des liens et alliances entre États, le type de domination, le degré et le type de polarisation.

Territoire/territorial/territorialisation: étendue de surface sur laquelle vit un groupe humain. Ce terme recouvre des sens différents selon les disciplines en sciences sociales.

Pour les géographes : espace socialisé, construit, où la distance est continue, dont les limites sont plus ou moins précises et dont les territoires étatiques ne sont qu’une des formes. Pour les sociologues et les politistes : un territoire est la construction sociale d’un espace dont le bornage par des frontières en fait le principe structurant d’une communauté politique et permet d’imposer l’autorité de l’État et son contrôle sur la population. Il est lié au contexte, à l’histoire et aux acteurs de sa construction. Max Weber associe étroitement l’État moderne rationnel-légal au critère de territorialité.

Terrorisme : les difficultés de définition du terme sont depuis des années au cœur de discussions au sein des Nations Unies. Face à la diversité et à la subjectivité des propositions, les spécialistes s’accordent toutefois sur trois éléments centraux : l’asymétrie (le faible s’attaque au fort), la gestion optimisée de moyens limités, le fait de frapper des cibles civiles et de perturber et de traumatiser les survivants. L’action terroriste peut affecter le monde réel ou le monde virtuel (cyberterrorisme), toucher des symboles qui permettent la plus grande médiatisation possible. Les acteurs sont en réseaux ou sont des individus isolés.

Théorie critique : voir fiche Théories des relations internationales (Section 1)

Transnationalisme/Transnational : est transnationale toute relation qui, par destination ou par volonté délibérée, se construit dans l’espace mondial au-delà du cadre étatique national et qui se réalise en échappant, au moins partiellement, au contrôle ou à l’action médiatrice de l’État (Bertrand Badie, 1999). Le transnationalisme est une interprétation des relations internationales qui met l’accent sur le rôle des acteurs non étatiques et des flux traversant les frontières. Elle s’est développée à partir des années 1970 en réaction à la domination des analyses réalistes et néoréalistes autour d’auteurs comme Joseph Nye, Robert Keohane ou James Rosenau.

Twostep flow : théorie développée par Paul Lazarsfeld et Elihu Katz qui montre que les medias influencent d’abord des leaders d’opinion qui, à leur tour, vont influencer leur entourage.

Urbanisation/mégalopoles/métropoles/métropolisation : l’urbanisation du monde s’accélère. En 1800, le monde comptait 2 % d’urbains ; ils sont 50 % aujourd’hui et probablement 60 % en 2030. L’Europe, l’Amérique du Nord et la Russie sont urbanisés à plus de 70 %. En Asie et en Afrique les taux de croissance urbains sont les plus élevés du monde. En 1950, seule New York dépassait 10 millions d’habitants ; en 2013, ce sont 21 villes. Sur le plan scientifique, le vocabulaire et les concepts concernant les phénomènes urbains ne sont ni stables ni internationalement partagés. De plus, sur le plan statistique et des politiques publiques, les définitions sont très variables. Les grandes agglomérations mondiales constituent l’architecture des processus de mondialisation, elles en sont les pôles décisionnels et les nœuds des réseaux physiques. On assiste à un double mouvement qui combine une dispersion de plus en plus grande des activités de production grâce au développement des mobilités matérielles (transports) et immatérielles (télécommunications), et une concentration urbaine de l’innovation (économies d’échelle et surtout densité des interactions). Dans les années 1960, Jean Gottmann définissait la Mégalopolis est-américaine comme un ensemble urbain de taille considérable, une conurbation, relativement continue dans l’espace et concentrant capitaux, puissance et pouvoirs. Plus tard, Roger Brunet en a distingué trois : la côte Est des États-Unis, l’ensemble Tokyo-Osaka-Kobé au Japon et la dorsale européenne (Londres-Milan). Pour les villes, aussi grandes soient-elles, qui restent isolées, on parle de métropole, voire de mégapole pour les plus importantes. Olivier Dollfus, à la fin des années 1990, invente la notion d’archipel mégalopolitain mondial pour définir l’ensemble des grandes villes du monde qui concentrent les activités de commandement et d’innovation. Métropoles, mégapoles et mégalopoles mondiales ne sont pas des éléments isolés mais des îles reliées entre elles par des flux denses et permanents qui structurent des réseaux articulant les villes d’une même région et les réseaux des grands pôles mondiaux. La densification des interrelations incite à abandonner aujourd’hui l’analyse hiérarchique entre les éléments pour prendre en compte l’ensemble réticulaire et un objet géographique nouveau où s’élabore une société-monde émergente (Jacques Lévy).

Vieillissement/transition démographique  : du XVIIIe siècle à nos jours, l’humanité est passée d’un régime démographique dit « traditionnel » de fécondité et mortalité élevées, mais qui s’équilibrent, à un nouveau régime où fécondité et mortalité sont faibles et s’équilibrent également. Dans un premier temps, les progrès économiques et sanitaires font baisser la mortalité, alors que la fécondité reste élevée, entraînant un excédent des naissances sur les décès et donc une croissance rapide de la population. Dans un second temps, la limitation des naissances réduit cet excédent, situation qui peut aboutir à un non-renouvellement des générations, donc à une diminution de la population s’il n’y a pas d’apport migratoire. L’hypothèse de base de ce modèle théorique bâti par les démographes d’après leurs observations et leurs analyses sur l’évolution des populations des pays européens et nord-américains est que toutes les populations du monde vont évoluer de la même façon. Or les situations sont très diversifiées dans le monde et les migrations sont un facteur très important de changements. Le vieillissement accéléré de la population des pays du Nord est un effet démographique et économique conjoncturel qui correspond à la conjonction dans le temps de l’arrivée à l’âge de la retraite des générations nombreuses nées après la seconde guerre mondiale, en Europe principalement, et de la baisse de la natalité intervenue ensuite.

W estphalie (traités de) : signés en 1648 à l’issue de négociations réunissant presque tous les pays d’Europe (à l’exception de l’Angleterre et de la Russie), les traités de Westphalie mettent fin à la guerre de Trente Ans entre la Suède, la France, l’Espagne et le Saint-Empire romain germanique, et marquent l’échec de l’Empire universel de Charles Quint. Outre un remodelage territorial de l’Europe centrale, ces traités consacrent l’adoption de nouveaux principes politiques. Face à l’essor de la Réforme et à la suite des guerres de religion, la place du Saint-Siège est fortement remise en cause dans le concert des puissances européennes. Cette sécularisation progressive de la politique est accentuée par les progrès de l’absolutisme au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Les traités de Westphalie sanctionnent également l’effondrement de la politique hégémonique, impériale et catholique des Habsbourgs, à laquelle succède une conception d’équilibre européen, tant politique que religieux : la paix doit être assurée par un équilibre réaliste des forces. Les principaux États renforcent leur identité, leur puissance et leur indépendance : ils disposent désormais de frontières précises, reconnues par les autres, et à l’intérieur desquelles le prince ou le monarque exerce sa pleine et entière souveraineté. Des armées permanentes sont mises en place pour remédier aux lacunes et aux méfaits du mercenariat. La violence des combats de la guerre de Trente Ans suscite enfin des tentatives de limiter les conflits par un droit international, le droit des gens, qui s’imposerait à tous les belligérants.

En se référant à ces traités, on parle d’un « ordre » ou d’un « modèle » westphalien désignant la spécificité d’un modèle européen de système international reposant sur la juxtaposition d’entités étatiques territoriales et souveraines.

*Remarque : certains articles ont été retravaillés à partir du lexique de l’Atlas de la mondialisation, Marie-Françoise Durand, Thomas Ansart, Philippe Copinschi, Benoît Martin, Patrice Mitrano, Delphine Placidi-Frot, Paris, Presses de Sciences Po, 2013.

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