Bonjour. Je me présente : Christophe MARVILLET, professeur du CNAM et en particulier responsable de la chaire d’énergétique. Dans cette présentation, je souhaiterais vous présenter les stratégies de réduction des émissions de CO2 en insistant notamment sur l’interaction entres les grands secteurs énergivores que sont le transport, le bâtiment et bien sûr l’industrie. Tout d’abord une photographie des usages et notamment des consommations énergétiques des grands secteurs. Vous voyez ici une figure qui représente, pour les trois grands secteurs, l’évolution en France de ces consommations et vous remarquez qu’une légère décroissance peut être observée ces dernières années, mais cette décroissance, comme vous pouvez le constater, est essentiellement associée à une décroissance des consommations industrielles. Pour leur part, la consommation des transports, la consommation du bâtiment, notamment tertiaire et résidentiel, sont des termes qui sont relativement croissants ces dernières années. En termes d’émission de dioxyde de carbone, de CO2, quelle est la configuration aujourd’hui ? Vous pouvez voir également sur cette figure l’évolution des émissions de CO2 au cours des dernières années et nous voyons effectivement que ces émissions ont tendance depuis une dizaine d’années à décroître globalement, mais là encore, du fait d’un effort des secteurs industriels. Quand je dis effort, cela peut être également des disparitions de grands secteurs industriels énergivores et une stagnation je dirais des émissions de CO2 associées aux grands postes que sont le transport et les aspects bâtiments. Alors, comment peut-on espérer dans les prochaines années avoir une réduction massive de ces émissions de CO2 et vous savez bien entendu que c’est un enjeu majeur de nos sociétés, notre humanité. Alors, j’aimerais insister sur le schéma relativement simple sur l’interaction qu’il y aura de plus en plus entre ces grands secteurs et, pour l’illustrer par exemple entre le transport et le bâtiment, nous devons imaginer que nous allons produire d’une façon décentralisée de l’énergie via des énergies renouvelables, qui vont avoir un usage à la fois dans les transports mais aussi dans les bâtiments. Et cette production décentralisée va éventuellement être réalisée au niveau de votre habitat ou de votre bureau. Un autre exemple, entre le transport et l’industrie, vous avez certainement entendu parler des carburants alternatifs aux carburants fossiles, des carburants qui sont en général des carburants issus de la biomasse. Il est clair que la généralisation de l’usage de carburants issus de la biomasse ne sera possible que s’il y a une nouvelle filière industrielle de production qui se mettra en place, en lieu et place de la production de carburants d’origine fossile. Je n’insisterai pas trop sur la relation entre le bâtiment et l’industrie. On le vit déjà cette relation, notamment par la réalisation industrielle, la production industrielle d’équipements techniques ou de matériaux qui sont intégrés aux bâtiments modernes, souvent des basses consommations que vous connaissez. Alors, illustrons ce propos par la problématique de la production de carburants alternatifs. Ces carburants alternatifs, c’était les carburants issus de la biomasse, sont sujets à discussion. Vous le savez tous, nous sommes dans une problématique où les terres cultivables doivent être réservées à la production de biomasse ou à la production de produits alimentaires. Il faut que, dans les prochaines années, cette problématique soit levée, soit résolue. Et pour cela, il faut en fait travailler sur une nouvelle filière de production de biocarburant qui utilise, non pas des cultures, mais des déchets, des déchets forestiers, des pailles, des déchets qui sont à base de cellulose et qui, dans un processus complexe de transformation, peuvent aboutir à la production de gaz et de carburants qui peuvent être utilisés pour le transport. Nous sommes sur de nouvelles filières énergétiques et nouvelles filière industrielles. Nous avons quasiment l’équivalent d’une raffinerie très complexe qui va se mettre en œuvre pour passer d’un produit, je dirais pratiquement banal, un déchet, à un produit à forte valeur ajoutée qui est le carburant de l’avenir. Un autre exemple pour illustrer cette relation qu’il peut y avoir entre les transports et un autre secteur d’activité que sont les bâtiments, c’est ce que j’ai signalé tout à l’heure, la production décentralisée. Je voulais l’illustrer par cet exemple qui est ici représenté par au fond un habitat relativement rustique ou en tout cas simple, pas forcément de grand esthétisme et vous voyez, c’est effectivement la voiture ou le bâtiment. Il faut penser que le bâtiment peut être un producteur d’énergie, un producteur d’énergie via des énergies renouvelables. Nous pouvons citer l’énergie solaire via des capteurs photovoltaïques, nous pouvons citer l’énergie éolienne via des systèmes éoliens et il est important d’imaginer que dans l’avenir, votre habitat, votre résidence pourrait être productrice d’énergie en quantité nettement supérieure à ce qui est nécessaire pour le confort dans votre bâtiment. Cela signifie que l’excès d’énergie produite peut être utilisé, stocké dans votre véhicule électrique, dans votre véhicule qui vous permet d’aller travailler, qui vous permet d’aller vaquer à vos occupations et au fond nous avons un système qui, dans une production d’énergie, associe les besoins du bâtiment, de l’habitat ou du bâtiment tertiaire et des véhicules de transport. Cette gestion est complexe évidemment. Cette gestion ne sera que par des réseaux intelligents, des réseaux électriques intelligents. Parce qu’au fond il n’est pas question de penser à une autonomie complète, bien entendu, mais une connexion avec un réseau qui va apporter l’énergie nécessaire quand elle sera indisponible du fait bien sûr d’une absence d’énergie renouvelable disponible. Donc, nous sommes sur une problématique importante et je voulais seulement souligner par ces quelques chiffres que vous voyez en bas c’est qu’au fond, penser à un bâtiment à faible consommation d’énergie, c’est-à-dire au fond aller de 5 000 à 10 000 kWh par an, c’est-à-dire moins de 2 t de CO2 émis par an, c’est très comparable à ce que votre véhicule également va consommer et va émettre en CO2, vous voyez, 15 000 km par an, aujourd’hui c’est autour de 3 t de CO2 par an. Vous avez des problématiques très similaires en termes de poids, en termes d’émission de CO2, et donc nous avons nécessité de penser le bâtiment et le transport de façon couplée. Alors, j’aimerais au fond terminer cette présentation par un rappel de choses, d’éléments qui sont importants pour l’avenir. Tout d’abord, la réduction de ces émissions de CO2, ce n’est pas qu’une problématique technologique. Vous comprenez bien que quand on parle de bâtiment, de transport et voire d’industrie, l’organisation sociale joue un rôle très important. Autre élément sur lequel j’aimerais insister, c’est la nécessité d’articuler, je dirais, les efforts et les réflexions autour de l’interaction entre ces trois secteurs. Vous avez besoin de nouveaux carburants, c’est l’industrie qui sera capable de les produire et les produire avec les conditions de rentabilité financière suffisantes pour qu’effectivement le marché accepte ces solutions. Et puis, il y a une opportunité de développement d’une nouvelle filière industrielle puisque, que ce soit pour des matériaux pour le bâtiment, que ce soit des véhicules, que ce soit pour des biocarburants, que ce soit des équipements techniques du bâtiment à faible consommation énergétique, l’enjeu industriel est évident, est important et effectivement, ce sera certainement un des avenirs dans nos pays européens pour les emplois dans ces secteurs de haute valeur ajoutée. Je vous remercie de votre attention et à bientôt.